mardi 10 avril 2012

Ecrire, rencontrer, partager.


Un certain nombre de choses entendues et lues ces derniers temps m’ont poussée à réfléchir sur un sujet qui fait partie de ma vie depuis plus de dix ans. Comme je suis incapable de réagir à chaud autrement que par mes tripes et tout aussi incapable de gérer le conflit, j’ai pris le temps de penser clairement avant de donner mon avis.
Le sujet en question est double, il part de ce qui fait un écrivain et aboutit à ce que devraient être les salons et festivals littéraires, les relations entre auteurs, avec les lecteurs, avec les aspirants romanciers, avec ce qu’on a coutume d’appeler « le milieu ».


Donc, qu’est-ce qui fait un écrivain ?
Ce n’est ni la grammaire ni un quelconque diplôme, loin de là. Il me semble que pour écrire, il est des choses bien plus importantes… La lecture, bien sûr, et encore la lecture. Mais aussi la curiosité, la sensibilité, une certaine empathie, un regard sur le monde, une expérience. Une culture générale aussi, un intérêt pour autant de domaines que possible, des rencontres, des voyages intérieurs et extérieurs. Et ce besoin de partager, de dire, de raconter. Cet ego qui nous donne le droit de le faire.
Un jour, à force de lire, de rêver, de voyager dans les textes des autres, on se prend l’envie d’écrire à son tour. Cette envie peut venir très tôt, dès l’enfance, dès les premières lectures, ou plus tard, à force d’entendre dire qu’on devrait le faire. Alors on écrit. Et on écrit encore. Et on repasse sur ce qu’on écrit. On fait lire à qui veut bien. On tente le coup et on espère. On le fait seul, sans forcément un dictionnaire ou une grammaire à la main. Avec ses tripes, avec ses rêves, avec ce qu’on se croit obligé de partager. Avec la prétention d’être lu. On écrit, on jette, on écrit encore, on met de côté, on recommence. On se fait corriger par les amis, par les professionnels qu’éventuellement on connaît. On se met en danger en proposant un texte à un éditeur, une revue, puis un autre, on écrit encore. Et à mesure des lectures, des relectures, des corrections, des écritures et des publications, on apprend.

Et les rencontres, les festivals, les salons ? C’est vrai, on n’y parle que peu de livres, sauf avec le lecteur qui demande une dédicace, celui qui a envie de parler de ses expériences de lectures. On parle de ses projets, de ses envies. On parle de la vie. De la lutte nécessaire pour le respect du créateur. De choses futiles, rigolotes, inutiles et amusantes.
On rencontre des gens, des auteurs, des lecteurs, des fans dont le genre qu’on aime est une part importante de la vie, des apprentis en quête de conseils, des joyeux drilles et des très sérieux. On se rencontre autour de ce qu’on est, de ce qu’on aime, de ce qu’on a envie de partager. On rencontre ceux qui partagent nos passions, nos regrets, nos coups de gueule. On parle aussi de chaussures et de vernis à ongles, de bouffe, de voyage, quelle importance ?
On rencontre des auteurs qui ont envie de parler d’eux, de leurs inspirations, de leur écriture et d’autres qui en sont incapables autrement qu’en écrivant. On rencontre des fans qui ont envie de partager du bon temps, des lecteurs qui veulent aller plus loin dans leur relation à l’auteur ou à l’écrit.
Pour parler des livres, des techniques narratives, des théories littéraires, il y a des forums sur lesquels je ne vais pas parce que je trouve la démarche et les discussions stériles. Il y a aussi des rencontres professionnelles, entre soi, qui sont faites pour ça.
Mais les salons, les festivals sont des lieux de rencontre, parfois des réunions de famille où l’on n’est pas forcé d’aimer tout le monde, de parler à tout le monde, des moments où l’on se retrouve, d’année en année, de festival en festival. Des lieux aussi où on apprend qu’on a le droit d’écrire, quel que soit le bagage scolaire qu’on transporte sur son dos, dans son crâne. Que l’imagination est sans doute l’outil le plus important et le plus nécessaire à l’écrivain.

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